Dans les pas des cathares

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Points de repère historiques

Vers l’an mil, en Europe occidentale vont apparaître des tendances chrétiennes différentes de celles enseignées par l’église romaine. Les spécialistes parlent de proto-catharisme. Ces « pré-cathares », hommes et femmes, laïcs et religieux confondus, forment des mouvements évangéliques dissidents qui annoncent le futur catharisme.

L’origine de celui-ci est à rechercher dans le christianisme primitif, un paléo – christianisme encore pur et dépouillé, bien loin des dogmes orthodoxes codifiés lors des conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381).

Même si nous pouvons trouver des similitudes et des ressemblances intéressantes avec le zoroastrisme et le manichéisme, c’est bien dans la tradition chrétienne que plongent les racines du catharisme, portant en lui, de toute évidence, une forte coloration gnostique.
Dans la chrétienté grecque de l’Empire byzantin, les Bogomiles appartiennent eux aussi à ce grand mouvement d’émancipation religieux et spirituel. Ils auront d’ailleurs des relations étroites avec les Cathares languedociens.
Les germes du catharisme apparaissent officiellement sur le territoire de France au début du XI siècle.

En 1167 se tient un concile cathare à St Felix de Caraman, en Lauragais, près de Toulouse, présidé par l’évêque Nicetas. Celui-ci représentait l’église mère des églises françaises de « l’Ordre de Dragovitie », un évêché grec de Constantinople. Diverses communautés apparaissent dans différentes régions sous des appellations distinctes : Manichéens, Piphles, Publicains, Tisserands (nord de la France) Bougres, Patarins (Italie).
Ils sont aussi présents en Allemagne médiévale, dans les terres rattachées aux provinces de Cologne, Mayence, Trèves et Besançon, Flandre, Champagne, Bourgogne.
C’est dans le Languedoc que ce mouvement a pris un essor important.

14 janvier 1208 : Assassinat à Saint-Gilles de Pierre de Castelnau. Le comte de Toulouse, Raymond VI, est accusé d’être le commanditaire de ce meurtre.

10 mars 1208 : Le pape Innocent III prêche la croisade contre le Languedoc et Raymond VI de Toulouse, celui-ci étant accusé de protéger des hérétiques cathares.

Début de l’été 1209 : La croisade est lancée contre le Midi et l’armée croisée quitte Lyon en direction des terres du comte de Toulouse, en empruntant la vallée du Rhône. On pense qu’elle comptait 15 000 à 20 000 hommes.

Juillet 1209 : L’armée croisée enchaîne les prises de position au fur et mesure de son avancée. Elle s’empare de Béziers et massacre la population, on parle de 20000 personnes.

1 août 1209 : Siège de Carcassonne, qui finit par tomber le 15 août 1209. La direction de la croisade est confiée à Simon de Montfort.

20 juillet 1210 : Prise de Minerve, 140 hérétiques sont brulés.

22 et 23 novembre 1210 : Prise de Termes suivie de celles de Puivert, Alayrac, Bram, Pennautier. Coustaussa est abandonnée, allégeance d’Albedun, reprise de Lombers et de Castres.

Mars 1211 : Reddition de Cabaret.

3 mai 1211 : Prise de Lavaur où on brûle entre 300 et 400 hérétiques. Destruction de Montgey. Prise de Cassès avec 60 à 94 brûlés. Abandon de Castelnaudary. Prise de Cahuzac, Laguépie, Montégut, Montferrand, Rabastens, Bruniquels, livrées sans combat.

Automne 1211 : Bataille au pied de Castelnaudary.

1212 : Simon de Montfort est dans toute sa puissance. Il continue ses prises de pouvoir à Saint-Félix-de-Caraman, Puylaurens, Saint-Marcel, Biron, Laguépie, Saint-Antonin. Le siège et la destruction du château d’Hautpoul entraîne la prise de Moissac et les conquêtes de l’Agenais, du Quercy et du Comminges.
Une assemblée politique des croisés à Pamiers renforce la puissance de la croisade, en promulguant le 1er décembre, les lois de la terre conquise.

Septembre 1213 : Grande victoire des croisés menés par Simon de Montfort à Muret.
Le roi d’Aragon, Pierre II, y laisse la vie ainsi qu’au moins 20 000 de ses proches.

Année 1214 : Simon de Montfort sillonne la région pour reprendre de nouveaux territoires : Mondenard, Montpezat, Marmande, Casseneuil, Domme de Parigard, Montfort, Castelnaud, Figeac, Rodez.

Janvier 1215 : Le concile de Montpellier impose Simon de Montfort comme chef unique du pays conquis sur l’hérésie.
Avec le concile de Latran en novembre, Raymond VI, comte de Toulouse, est dépossédé de ses biens.
Simon de Montfort devient duc de Narbonne et comte de Toulouse.
Les Cathares sont à nouveau condamnés par les canons du concile et un nouveau type de procédures est instauré dont celle dite « d’Office ».

1216 : Siège et capitulation de Beaucaire. Honorius III succède au pape Innocent III. Ce nouveau pape approuve officiellement l’ordre dominicain de Dominique de Guzman. Simon de Montfort se proclame marquis de Provence.

1217 : De nombreuses prises jalonnent les déplacements de l’armée croisée, dont Montgrenier sur les terres du comte de Foix. Siège de Lourdes (non pris). Incursions de Saint-Lizier à Aspet. Soulèvement de la ville de Toulouse.

1218 : Début du siège de Toulouse. Simon de Montfort est tué par un boulet de pierre au cours d’une contre-attaque.
Son fils, Amaury de Montfort, lui succède à la tête de la croisade.

Novembre 1218 : Le prince Louis, futur Louis VIII, se croise et organise une expédition dans le Midi.

Printemps 1219 : Le prince Louis et son armée quittent Paris. Les Français sont défaits à la bataille de Baziège.
Amaury de Montfort part assiéger Marmande, il est rejoint par les troupes conduites par le prince Louis.
Marmande capitule, toute la population est massacrée afin de donner l’exemple aux autres cités méridionales. L’armée croisée engage le troisième siège de Toulouse.

1221 : Allégeance de Gaillac et Agen à Raymond « le jeune », fils du comte de Toulouse.

1223 : Reprise de Mirepoix.

Janvier 1224 : Trève entre Amaury de Montfort et les Occitans, dont Raymond VII de Toulouse, le comte de Foix et le jeune Raymond Trencavel.
Amaury quitte définitivement le Languedoc, emportant avec lui les restes de son père.
Raymond Trencavel reprend possession de Carcassonne. Jourdain de Cabaret et Pierre de Laure, deux « faidits », sont nommés viguiers de la vicomté de Béziers, Razés, Albi, Carcassonne par Trencavel.

En 1225 : Malgré les répressions, l’hérésie compte encore 1 000 prêtres environ, repartis en quatre diocèses : Albi, Toulouse, Carcassonne et Agen. Un cinquième diocèse est créé en 1226 pour le Razés, dont Benoît de Termes est élu évêque.

1226 : Amaury de Montfort cède tous ses droits sur le Languedoc au Roi.
Campagne du Roi Louis VIII en Languedoc qui fera beaucoup de victimes de part et d’autre.
Carcassonne, puis Castres, Albi, Narbonne, Limoux et Beaucaire font allégeance à l’autorité royale.
Capitulation d’Avignon, plusieurs comtés se rallient au roi. Louis VIII tombe malade, rentre en France et meurt sur le chemin de retour à Montpensier. Son connétable Humbert de Beaujeu à la tête de l’armée royale continue la conquête du Languedoc.

1227 : Grégoire IX devient pape, le concile de Narbonne s’intéresse à la recherche des hérétiques et de leurs partisans.
Le comte de Toulouse, Raymond VII, est excommunié, ainsi que le comte de Foix, Roger Bernard, et Trencavel. Ces deux derniers tiennent Limoux entourée de chevaliers faidits. Résistance de Cabaret qui est aussi le siège d’un évêché cathare.
Été 1227 : Plusieurs prises de territoires sont à noter pour l’autorité royale : Labécède, Lagrave, Cordes.
De l’autre côté, des « faidits » se rallient à Raymond VII. Puylaurens et Saint-Paul-Cap-de-Joux reviennent entre leurs mains, parfaits et parfaites s’y réinstallent.

1228 : Raymond VII bloque dans le donjon du château de Castelsarrasin la garnison royale, qui finira par se rendre.

1229 : Le comte de Toulouse, Raymond VII, signe le traité de Meaux-Paris avec la Couronne. Carcassonne, Béziers, Nîmes et Beaucaire rentrent définitivement dans le Royaume de France sous la forme d’une sénéchaussée. Le succès politique pour le roi de France est incontestable.

1232 : Montségur devient le principal lieu de refuge de la hiérarchie cathare, lieu à partir duquel va s’organiser la résistance clandestine vers le bas pays. Au même moment, des réseaux d’entraide et de fuite s’organisent du Midi vers la Lombardie.

Avril 1233 : Par la bulle ille humani generis, le pape Grégoire IX crée officiellement l’Office de l’Inquisition en Languedoc.
Elle est principalement confiée à l’ordre dominicain.

1234 : Exhumations très impopulaires de Cathares à Albi par l’inquisiteur Cathala.
De nombreux hérétiques sont brûlés par les inquisiteurs Guillaume Arnaud et Pierre Cellan.

1239 : 184 cathares brûlés à Montwimer (Marne) devant le comte de Champagne.

1240 : Siège de Carcassonne par Raymond Trencavel et Olivier de Termes.

1241 : Les enquêtes inquisitoriales reprennent dans le comté de Toulouse sous la direction des inquisiteurs Guillaume Arnaud et Étienne de Saint-Thibéry. L’inquisiteur Pierre Cellan s’intéresse au Quercy.

1242 : À Avignonet, les inquisiteurs Guillaume Arnaud et Étienne de Saint- Thibéry sont assassinés avec leurs suites par un commando venu
de Montségur et dirigé par Pierre Roger de Mirepoix.

Printemps 1243 : Début du siège de Montségur. Selon les moments, le nombre d’assiégeants pourra aller jusqu’à 10 000 soldats.

Fin 1243 : Raid nocturne sur Montségur et prise du roc de la tour par les croisés.

2 mars 1244 : Capitulation de Montségur et le 3 mars trêve conclue pour une durée deux semaines avec remise des otages.

16 mars 1244 : Un bûcher collectif est allumé au pied du pog pour y supplicier 200 à 225 cathares qui refusent de renier leur foi.

1244-1280 : Les Cathares, réduits à la clandestinité, émigrent par vagues successives vers l’Italie et notamment la Lombardie.

1255 : Prise de Quéribus.

1258-1262 : Le pouvoir royal lance une nouvelle vague d’enquêtes dans la sénéchaussée de Carcassonne. Ces enquêtes ont pour but
d’effacer les exactions commises après 1240-1242 par les officiers royaux. Ceci au détriment de la population qui était considérée comme
vaincue et soumise à la pression inquisitoriale.

1325 : Guilhem Belibaste est le dernier « parfait » cathare connu. Il est capturé et brûlé vif à Villerouge-Termenes.

L’inquisition

L’inquisition médiévale est un tribunal ecclésiastique d’exception chargé de lutter contre les hérésies. C’est à Vérone en 1184 que sont fixées les bases de la « coercitio » à la suite d’un consensus entre la papauté et l’empire, c’est la mise en place de l’inquisition épiscopale.

Elle est introduite devant les tribunaux ecclésiastiques par le pape innocent III en 1199 et atteint son apogée lors de la répression du catharisme. Dominique Nunez de Guzman, dit Saint Dominique, est à l’origine de la création de l’ordre dominicain, les frères prêcheurs, ordre de combat dans la répression du catharisme, les dominicains deviendront le fer de lance, de l’inquisition, au service de la papauté.

En février 1231, Grégoire IX publie la constitution Excommunicamus, qui prescrit la détention à vie pour les hérétiques repentis et la peine de mort pour les hérétiques obstinés, en avril 1233, la bulle « ille humani generis entérine l’inquisition institutionnelle.

La plupart du temps, les inquisiteurs sont choisis dans les nouveaux ordres religieux, en majorité dominicains, accompagnés de franciscains et cisterciens.
L’inquisition se définit par la présence d’un inquisiteur, on peut relever l’existence de centres inquisitoriaux importants comme dans le sud de la France, Toulouse et Carcassonne, par exemple. Il n’existe pas une seule inquisition, au sens d’une administration cohérente, mais de nombreux tribunaux inquisitoires, distincts et ne coopérant pas toujours les uns avec les autres.

Au XV siècle, l’inquisition médiéval disparaît et est remplacée par d’autres formes d’inquisition : l’inquisition aespagnole, l’inquisition portugaise et l’inquisition romaine, le fameux Saint Office.
L’inquisition sera définitivement supprimée, en Espagne, au Pérou et au Mexique en 1820, quant à l’inquisition romaine et universelle, elle est débaptisée pour devenir la sacrée congrégation du St Office en 1908. Et le 7 décembre 1965, le pape Paul VI remplace le St Office par la congrégation pour la doctrine de la foi.

Bibliographie

L’épopée cathare, 5 tomes Michel Roquebert éditons Privat

La religion des cathares Jean Duvernoy éditions Privat

L’histoire des cathares Jean Duvernoy éditions Privat

Les cathares devant l’histoire, mélanges offerts à Jean Duvernoy éditions L’Hydre

La croisade albigeoise colloque de Carcassonne CEC octobre 2002 sous la présidence de Michel Roquebert

L’inquisition en Quercy Jean Duvernoy éditions L’Hydre

L’inquisition Charles Galiana éditions Loubatières

Bande annonce

Présentation du film par le réalisateur

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